Urgathoa
- « Prends ce que tu peux, déchire-le et savoure son doux goût de sang, car l’existence est bien terne sans le plaisir des sens. »
- — Assouvis ta faim
Présentation[1]
Urgathoa est une déesse amorale et hédoniste qui cherche uniquement à satisfaire ses propres désirs, sans se soucier des conséquences pour autrui. Autrefois, c’était une mortelle animée d’une incroyable soif de vivre. Morte, elle a trouvé la force de s’arracher à la 5le d’âmes qui attendent devant Pharasma pour retourner sur Golarion, où elle est devenue un être divin et la première créature morte-vivante au monde. Son existence corrompt l’ordre naturel et certains disent que les épidémies et les infections sont sorties des premières empreintes qu’elle a laissées sur le plan Matériel et que les premières ombres et les premières âmes en peine sont nées de son moufle.
Comme la moitié du corps de la déesse a pourri, sa palette de sensations est limitée. Elle compense ce manque par une gloutonnerie dépravée : elle a goûté le cerveau de nouveau-nés humains, juste pour savourer leurs innocentes pensées, elle a arraché le cœur du dernier représentant vivant d’une race, juste pour sentir son sang chaud sur ses mains, et elle a affligé les plus séduisants des princes de la lèpre et de bubons, juste pour voir les dessins uniques de ces afflictions sur la chair royale. Elle pense que l’existence des âmes mortes est fastidieuse et inutile comparée à l’intensité ardente des sensations qu’éprouvent les mortels et les morts-vivants, et elle croit que toutes les créatures doivent accumuler autant de sensations que possible. L’ascétisme la répugne et elle déteste les gens qui obéissent aux tabous très stricts des prophéties de Kalistrade.
Au-dessus de la ceinture, Urgathoa est une belle jeune femme aux cheveux noirs, probablement à l’image de ce qu’elle était de son vivant, bien qu’elle soit à présent aussi pâle qu’un vampire affamé.
La partie inférieure de son corps a pourri et se décompose de plus en plus, au fur et à mesure que l’on descend vers ses pieds qui ne sont plus que des os ensanglantés. Ses pas laissent des empreintes osseuses sanglantes. Il arrive , que ses avatars soient nus mais, en général, ils portent une robe .. ' rouge ou noire, tachée de la tête .¡p aux pieds de noir, de brun et de rouge, vestiges de repas dont il vaut mieux ignorer la teneur. Il lui arrive rarement de prendre la forme d’une de ses filles, avec un bras gigantesque couvert de gueules garnies de crocs et une queue faite de nombreuses colonnes vertébrales fusionnées.
Dans le Grand Au-delà, le royaume d’Urgathoa est un agglomérat de villes, quelque part dans une zone désolée de l’Abaddon, où habitent des morts-vivants qui s’adonnent à tous leurs vices mortels, à l’excès. Les daémons du plan laissent la déesse et ses cohortes en paix, ils les observent mais ne les molestent pas car Urgathoa se concentre sur les royaumes mortels et les plaisirs des vivants, pas sur la destruction de leurs âmes. La plus grande menace qui pèse sur son domaine vient des serviteurs de Pharasma, qui veulent « rapatrier » les âmes des morts-vivants dans le Cimetière et les obliger à poursuivre leur route vers l’après-vie.
L’église de la Princesse blafarde se concentre principalement sur la non-mort, mais certains cultes privilégient sa gloutonnerie et donnent des fêtes décadentes où abondent la nourriture, l’alcool, les drogues ou le sexe. Malheureusement, dans bien des cas, ces cultes « non corrompus » basculent dans des pratiques dépravées comme le cannibalisme et finissent par commettre des blasphèmes nécromantiques, ou par transformer leurs membres en goules, en vampires ou en créatures similaires.
Quand Urgathoa est satisfaite, la nourriture la plus simple a un goût délicieux, l’eau est aussi parfumée que le meilleur des vins et les repas ne pèsent jamais sur l’estomac au point d’incommoder le dîneur. Elle utilise rarement des messagers animaux mais il lui arrive d’envoyer un sphinx tête de mort (même si Desna adore les papillons) pour conduire un fidèle dévoué vers un trésor ou de charger une nuée de mouches mordeuses d’éloigner ou de punir un mortel. Elle récompense parfois les prêtresses qui l’ont particulièrement bien servie en les transformant à leur mort en monstruosités mortesvivantes appelées des filles d’Urgathoa (voir la page 312 du Cadre de campagne : la mer Intérieure).
Urgathoa n’est pas une divinité généreuse mais certaines histoires évoquent des fidèles en train de mourir de faim qui ont trouvé un animal blessé ou mort depuis peu, prêt à être dépecé (dans quelques-unes, il ne s’agit pas d’un animal mais d’un humanoïde). Quand Urgathoa est courroucée, elle donne un goût de cendre à l’eau et à la nourriture, quel que soit leur assaisonnement, elle afflige le ventre d’une faim que rien ne soulage ou elle contamine sa victime avec une maladie qui fait pourrir ou enfler les chairs et empêche ou gêne l’élocution et l’alimentation. On sait qu’elle peut priver les jambes de ceux qui l’offensent de sensations ou les frapper de paralysie, ce qui oblige sa victime à ramper. Elle peut aussi inverser le goût des aliments, au point que ses cibles ne peuvent plus absorber que les ordures et l’eau des égouts. Les victimes de ces malédictions peuvent remédier à leur condition en offrant un grand sacrifice à Urgathoa, soit dans un temple, soit en donnant une fête dédiée à l’excès de gourmandise, soit en consommant de grandes quantités de drogues ou encore en commettant un autre excès orgiaque en son nom. Il arrive, mais rarement, que le seul moyen d’apaiser la déesse consiste à se livrer au cannibalisme, mais cet acte souille l’âme et garantit l’allégeance de celui qui le commet à la Princesse blafarde.
Urgathoa est Neutre Mauvaise et règne sur la gloutonnerie, la maladie et la non-mort. Elle a pour arme la faux, un outil traditionnellement associé aux récoltes et à la mort. Son symbole sacré est un sphinx tête de mort, dont le dessin du crâne est exagéré, parfois au point de se transformer en crâne avec des ailes, des pattes et une tête de papillon. Ses domaines sont la Mort, le Mal, la Magie, la Force et la Guerre.
Comme tous ses centres d’intérêts sont considérés comme des vices, elle a très peu de fidèles qui ne sont pas maléfiques. Ses ouailles sont surtout de sombres nécromanciens, des morts-vivants et des gens qui espèrent le devenir (y compris les serviteurs des vampires, les lanceurs de sorts qui cherchent à se transformer en liche etc.) Son culte est donc illégal dans la plupart des pays ou au moins découragé et chassé. Ainsi, ses prêtres doivent officier en secret. Les gens du commun se méfient même des fidèles qui se limitent à vénérer la gloutonnerie d’Urgathoa, car ceux qui luttent pour se nourrir en hiver jalousent facilement ceux qui mènent une vie d’excès et les rumeurs vont bon train sur tous ceux qui sont connus pour vénérer la déesse de la non-mort. Il arrive qu’un marchand ou un prince glouton possède un sanctuaire secret consacré à Urgathoa et la prie pour qu’elle lui offre nourriture, boisson, sexe ou autres plaisirs physiques.
Dans certains pays, les gens désespérés implorent Urgathoa pour qu’elle soulage les symptômes de la peste (tout comme beaucoup prient Pazuzu pour qu’il protège leur enfant à naître contre Lamashtu) mais, en matière de guérison, il vaut mieux adresser ses prières à Sarenrae. Il arrive que des nécromanciens Neutres vénèrent Urgathoa mais que leur communauté les tolère quand même s’ils se montrent utiles en rassemblant ou en détruisant les morts-vivants incontrôlables ou violents : mieux vaut que les os des morts protègent la tour d’un ermite nécromancien plutôt qu’ils se promènent en ville pour harceler les vivants.
Au Geb, on vénère ouvertement la Princesse blafarde et son culte fait partie des religions officielles du pays. À minuit, des barons vampires, des comtes goules et d’autres nobles morts-vivants la prient dans leurs chapelles et lui demandent de les protéger contre la vive lumière du jour, les soulèvements des paysans et les abominations de la Désolation de Mana. Les Gebbites vivants prient pour qu’elle leur accorde ses faveurs en les transformant en morts-vivants, pour que leur mort soit rapide et indolore ou pour qu’une fois qu’ils seront transformés en squelettes ou en zombis, un destin bien trop commun, leur existence soit réellement celle d’un être privé d’intellect et non celle d’un esprit éternellement prisonnier d’un corps corrompu. Au Geb, la plupart des fidèles adressent leurs prières à la Reine catin, qu’ils considèrent comme une sainte ou une représentante d’Urgathoa : même si la dirigeante réanimée n’a aucun lien avec la Princesse blafarde, la déesse accepte cette excentricité de la part de sa nation favorite. Les temples d’Urgathoa sont souvent gardés par des squelettes sanglants (appelés des « fils d’Urgathoa » en raison des empreintes squelettiques sanglantes qu’ils laissent). Ils servent de contrepoint aux puissantes et rusées filles d’Urgathoa.
Les offices d’Urgathoa se composent de murmures susurrés, de chants discrets et d’étranges gémissements. La musique n’a pas sa place, en dehors des tambours que l’on utilise parfois pour donner un rythme ou pour annoncer l’arrivée d’un visiteur ou d’un repas. La cérémonie inclut généralement un dîner ou la dégustation rituelle de nourriture bénie par le prêtre : n’importe quoi, des sucreries au pain en passant par les viandes en sauce ou encore un repas cannibale ou composé de chair encore vivante, selon la congrégation. Les églises les plus riches donnent des fêtes somptueuses (financées par de riches mécènes ou par la vente de sorts ou de main d’œuvre morte-vivante). Il arrive qu’un prêtre se rende dans un village en proie à la famine et offre une nourriture alléchante pour essayer de convertir de nouveaux fidèles.
La Princesse blafarde a une étrange conception du mariage. La plupart de ses fidèles sont des morts-vivants, elle pense donc que les gens qui s’unissent créent un lien qui persiste au-delà de la mort. Lors de ses cérémonies de mariage, on ne dit jamais « jusqu’à ce que la mort vous sépare. » La déesse sait que les plaisirs de la vie et de la non-mort sont plus intenses si on les partage que si on les expérimente seul. Elle accepte donc que ses fidèles se marient, même s’il y a un partenaire mort-vivant et un vivant, tant que le mort-vivant compte transformer sa moitié en mort-vivant ou au moins prolonger sa vie (comme une vampire qui fait boire son sang à son mari par exemple). Comme les couples morts-vivants ne peuvent pas avoir d’enfants, Urgathoa se moque du sexe des partenaires, tout ce qui compte, c’est que leur engagement soit sincère.
Les fidèles adoptent souvent des enfants, surtout les morts-vivants prédateurs qui tuent les parents et élèvent ensuite leurs rejetons comme les leurs, afin d’accroître le nombre de créatures au service de la déesse. Le divorce est très mal vu car c’est un manque de respect envers le partenaire et envers Urgathoa. En revanche, le meurtre est une alternative acceptable, surtout si la victime reste près de chez elle sous forme de squelette, de zombi ou de momie (une prêtresse vampire veuve peut avoir plusieurs maris réanimés qui la protègent la journée). Il est rare que les fidèles de la déesse tombent enceintes car la plupart sont des mortes-vivantes et que l’église autorise la contraception, afin que la grossesse n’interfère pas avec les plaisirs hédonistes. Pourtant, de nombreux temples ont au moins une femme appelée une « mère de sang » qui est chargée de porter des enfants, soit pour les élever comme membres de l’église, soit pour les offrir en sacrifice lors d’ignobles rituels. Urgathoa se moque qu’une femme avorte ou abandonne son nouveau-né. À cause de sa rivalité avec Pharasma (qui s’oppose à l’assassinat des enfants à naître), elle méprise les femmes pharasmiennes enceintes et a enseigné des malédictions et des maléfices mineurs à ses prêtresses pour blesser ou tuer un fœtus ou une femme en couches.
L’église applaudit la mort si elle mène à la non-mort, elle autorise donc le suicide qui, s’il est fait au nom d’Urgathoa, est considéré comme un moyen d’améliorer l’opinion de la déesse et d’augmenter ses chances de se relever sous forme de mort-vivant. Les prêtresses âgées qui n’ont aucun moyen de se transformer en mortes-vivantes offrent parfois leur esprit à leur déesse et leur chair aux vivants. Le suicide est généralement le domaine de la déesse mineure Nadéri (voir le Cadre de campagne : Les Dieux et la magie) mais ce martyre rituel fait appel à la puissance d’Urgathoa. Les fidèles espèrent tous se relever sous forme de mort-vivant.
Pour l’église, le passage à l’état de mort-vivant est un événement mémorable appelé le Matin de cendres, qu’il faut fêter tous les ans comme un anniversaire. Pour les morts-vivants qui ne supportent pas la lumière du jour, c’est aussi la dernière fois qu’ils voient le soleil. Le Matin de cendres est un événement solennel et une période de réflexion personnelle et non de partage avec autrui, surtout parce que certains morts-vivants ne savent pas quand ils se sont transformés (à cause du délai entre leur mort et leur réanimation) ou parce que cela fait si longtemps qu’ils sont morts-vivants qu’ils ont oublié la date ou n’y accordent plus d’importance. Un mort-vivant particulièrement sentimental capable de créer des rejetons peut transformer un fidèle serviteur le jour de son Matin de cendres, en signe d’affection.
TEMPLES ET SANCTUAIRES[1]
Chaque temple de la Princesse blafarde est construit comme une salle des fêtes, avec une grande table centrale qui sert d’autel, entourée de nombreuses chaises. Les sanctuaires secrets suivent le même schéma mais à une échelle moins ambitieuse. La plupart des temples jouxtent un cimetière privé ou sont construits sur une crypte et ils sont souvent habités par des goules qui incarnent les trois centres d’intérêt de la déesse. Cette dernière n’utilise pas de daémons comme serviteurs quand elle se trouve dans son propre royaume, mais il n’est pas rare de trouver ce genre de créatures comme gardiennes dans ses temples les plus puissants. Le plus grand sanctuaire d’Urgathoa se trouve à Méchitar, la capitale du Geb. C’est la cathédrale des Épiphénomènes, où officient des prêtresses vivantes et mortes-vivantes.
L’église suit un fonctionnement matriarcal, avec une puissante prêtresse (très rarement un prêtre) à la tête de chaque temple. Si la prêtresse est une fille d’Urgathoa, les fidèles considèrent le temple comme particulièrement béni. Le reste de la congrégation se divise en ghula (des fidèles privilégiés qui font ou non partie du clergé) et en affamés (les initiés qui servent les ghula jusqu’à ce qu’ils aient prouvé qu’ils étaient dignes de l’église). Si l’un des affamés a un statut supérieur à celui d’un ghula en dehors de l’église, le ghula prudent le traite avec respect, de peur de subir des représailles en dehors du temple ou une fois que l’affamé sera devenu un ghula. Comme pour la majorité des cultes maléfiques, les églises secrètes sont fractionnées et s’organisent en cellules, chacune placée sous les ordres de la prêtresse la plus puissante ou la plus charismatique. Il est rare que deux cellules se rencontrent ou fusionnent.
Quand un prêtre est capable de créer des morts-vivants (généralement avec un sort d’animation des morts mais aussi avec le pouvoir de création de rejeton des vampires, des blêmes ou des ombres), il gagne le titre de nécroseigneur. Cela lui donne des privilèges (la préséance dans le choix de la nourriture et des serviteurs) et des pouvoirs (l’immunité contre la maladie et la résistance à la canalisation d’énergie) sans entraîner de responsabilités supplémentaires.
Les habits de cérémonie d’un prêtre se composent d’une ample tunique grise qui tombe jusqu’aux pieds avec un chauffe-épaule blanc d’os ou gris sombre fermé sur le devant. Traditionnellement, la partie inférieure de la tunique est déchirée ou ornée de bouts de tissus ou de pompons pour donner l’impression qu’elle est de plus en plus abîmée au fur et à mesure que l’on se rapproche du sol, pour refléter la décomposition de la déesse. Une partie de ces habits sont brodés d’une multitude de crânes et d’os et percés de fentes soigneusement découpées pour laisser voir des éclairs de rouge et de blanc. Certaines prêtresses portent des corsets sous leurs habits tandis que d’autres préfèrent des vêtements plus adaptés à un corps boursouflé ou qui attend un enfant.
Rôle du prêtre
Les deux tiers du clergé d’Urgathoa se composent de prêtres et le dernier tiers de nécromanciens, de sorcières, d’ensorceleurs avec un penchant pour la nécromancie (surtout ceux de lignage mort-vivant), d’antipaladins et de divers morts-vivants qui atteignent des positions élevées dans l’église, qu’ils aient des pouvoirs magiques ou non. Le clergé n’a aucune obligation envers son église, ses membres doivent juste s’offrir une protection mutuelle et aider tous ceux qui désirent se transformer en morts-vivants, car Urgathoa aime les mortels qui consomment à l’excès en son nom et apprécie le rythme auquel les morts-vivants se développent. Cela n’empêche pas des cellules d’adopter une position plus agressive, en tentant de transformer tous les habitants d’un village en esclaves zombis par exemple. Plus de la moitié du clergé d’Urgathoa se compose de femmes et cette répartition passe à trois-quarts dans les pays où les femmes sont censées obéir aux hommes, car cette religion leur permet d’accéder au pouvoir.
Les gens du peuple ont rarement besoin des prêtres d’Urgathoa et craignent leurs liens avec le vice et la nonmort. Pourtant, malgré cette réticence, ce clergé a son utilité. Comme les prêtres d’Urgathoa comprennent les corps et les âmes, ils peuvent expliquer comment enterrer un cadavre afin qu’il ne se relève pas sous forme de mort-vivant et comment le protéger contre les prédateurs. Ces prêtres dissimulent souvent leur allégeance et choisissent des métiers qui leur donnent accès aux cadavres, comme croque-mort, mercenaire ou (dans les cas désespérés) boucher. Certains se font passer pour des prêtres de Pharasma et proposent leurs bénédictions et leurs rites funéraires aux villages qui n’ont pas de véritable prêtre de la Dame des tombes. Les prêtres les plus vils profitent de cette ruse pour donner des charmes, des fétiches, des gages et enseigner des gestes « inventés récemment » supposés repousser les morts-vivants. Ensuite, ils lâchent leurs alliés morts-vivants sur ces communautés remplies de proies faciles. Dans les régions victimes d’une épidémie, ils se font passer pour des guérisseurs de talent, soignent une petite partie des malades et laissent les autres mourir ou encore soignent des afflictions désagréables mais bénignes, tout en contaminant leur patient avec d’autres, bien plus discrètes mais mortelles.
Ce n’est que dans les pays contrôlés par des morts-vivants, comme le Geb, que les prêtres d’Urgathoa peuvent exercer ouvertement leur religion. Ils remplissent alors les fonctions que les prêtres respectés tiennent dans les autres sociétés, comme conseiller spirituel, guérisseur, fonctionnaire du gouvernement etc.
Jours Saints[1]
Urgathoa est une déesse qui croit qu’il faut fêter chaque jour et chaque nuit et n’accorde donc pas d’importance supplémentaire à certaines dates. Ses fidèles ont donné une signification particulière aux nuits sans lune et aux conjonctions célestes en rapport avec Éox, le monde peuplé de morts-vivants.
Aphorismes[1]
Étant donné que la religion d’Urgathoa regroupe des êtres vivants, des morts-vivants qui ont besoin de se nourrir comme les goules et les vampires et d’autres créatures qui n’ont pas besoin de manger (y compris des morts-vivants intangibles), il existe beaucoup de dictons parmi les innombrables cellules du culte. Ils ont tous été créés par les mortels, car la déesse se préoccupe plus de gratifications que de mots. Voici les deux aphorismes les plus courants.
Nourris ta douleur. Les fidèles reconnaissent que l’absorption de nourriture comble un besoin physique et émotionnel, même pour les morts-vivants qui ne sont pas obligés de manger pour survivre : c’est l’action de manger, de consommer quelque chose et de satisfaire un besoin qui fait office de récompense. Cette phrase ouvre généralement les repas mais les prêtres la prononcent parfois pour distraire les gens de leurs problèmes grâce à la nourriture ou à d’autres formes d’excès.
Par le sang et la gueule. C’est un serment, la promesse de garder un secret, sachant qu’un parjure sera puni. Il s’accompagne généralement d’un geste qui consiste à placer un doigt et le pouce de chaque côté du cou (comme pour étrangler quelqu’un) avant d’embrasser ou de lécher les deux premiers doigts de cette main.
Textes Sacrées[1]
Le livre sacré d’Urgathoa s’intitule Assouvis ta faim. Il a été écrit par Dason, le premier antipaladin de la déesse. Il explique les fondements de sa religion et donne quelques recettes pour des repas décadents (certaines copies indiquent comment cuisiner divers humanoïdes), ainsi que les moyens les plus couramment employés pour se transformer en mort-vivant (principalement en vampire, en goule ou en âme-en-peine).
Relations avec les autres Religions[1]
Urgathoa a peu d’ennemis pour une divinité maléfique. Elle se contente d’assouvir ses propres besoins et, comme les autres divinités la laissent faire, elle a peu de conflits avec les dieux. En revanche, Pharasma et Sarenrae la poursuivent, ainsi que ses fidèles, partout où elles les trouvent. La Princesse blafarde leur rend la pareille en détruisant les serviteurs divins et les fidèles mortels des deux autres déesses, dans une série de prêtés pour un rendu. Sarenrae a le cœur si bon qu’elle ne déteste pas vraiment Urgathoa, elle cherche juste à « soigner » la déesse morte-vivante, ce qui ne fait que jeter de l’huile sur le feu.
Urgathoa adopte une attitude maternelle vis-à-vis de deux divinités mineures. Le domaine de Zyphus, le Sombre faucheur, se trouve au sein du territoire de la Princesse blafarde mais, s’il lui est loyal, il ne lui appartient pas et elle ne prétend pas le contraire. Leur relation se base sur l’aspect pratique et sur une communauté d’intérêts : il aime que les maladies mineures connaissent parfois une issue fatale imprévisible, qui satisfait son caractère morbide, et elle est ravie que ses prêtres se relèvent souvent sous forme de morts-vivants pour continuer leur œuvre. Urgathoa a aussi pris la jeune déesse Nadéri sous son aile. En tant que protectrice des suicides romantiques, la Vierge perdue croit que l’amour survit à la mort, un sentiment que la Princesse blafarde partage. Cet intérêt l’oppose à Shélyn, l’ancienne souveraine de Nadéri, mais certains prêtres prétendent que la déesse des arts a volé quelque chose à Urgathoa et l’a caché, ce qui accroît leur inimitié. Elle entretient des relations tendues avec Kabriri, le seigneur démoniaque des goules, et Zura, la dame démoniaque des vampires. Parfois ils sont alliés, parfois ennemis, et les fidèles morts-vivants oscillent entre leurs différents cultes.
Comme indiqué plus haut, Urgathoa méprise les ascètes et, si les Prophéties de Kalistrade venaient réellement d’une divinité, elle s’opposerait sans doute à elle. La discipline très stricte d’Irori la gêne mais elle ne peut pas se résoudre à l’affronter car il prêche la modération plutôt que l’abstinence (et qu’une partie d’elle voudrait goûter à sa perfection physique). La déesse soutient la voie du Murmure car, pour elle, leur propagation de la non-mort est une bonne chose. En revanche, elle laisse ses prêtres se forger leur propre opinion sur cette organisation. Un prêtre mort-vivant ou allié à des morts-vivants peut considérer la voie du Murmure comme une bénédiction et travailler avec elle, alors qu’un prêtre de la gloutonnerie l’évitera car elle l’indispose ou que leurs intérêts divergent. Les vampires et les goules occupent une position unique vis-à-vis de la voie du Murmure : ce sont des créatures mortes-vivantes qui doivent se nourrir des vivants et, si le culte réussit à transformer le monde entier en terre de morts-vivants, ils mourront de faim, c’est pourquoi ils évitent les fanatiques ou tentent même de les empêcher d’atteindre leur objectif.
Alliés planaires[1]
Les serviteurs divins d’Urgathoa sont généralement des morts-vivants imprégnés de puissance divine, certains tenant plus de l’extérieur que du mort-vivant. La Princesse blafarde a pour héraut la Mâchoire de la Mère, un crâne volant ailé aussi grand qu’un ogre, entouré d’un nuage de mouches. Il fait pleuvoir des asticots et du sang coule sans cesse de ses dents pointues (voir la page 84). Voici quelques créatures issues des rangs des serviteurs bénis de la déesse.
Barasthangas. La chair pâle de ce dévoreur mort-vivant femelle est si mince et si tendue qu’on voit le blanc de ses os et ses tissus gris. En plus de ses pouvoirs habituels, Barasthangas peut dépenser des points d’essence pour lancer contagion (3e), état gazeux (3e) et vagues de fatigue (5e). Pour ses services, elle demande la vie d’une puissante créature dont elle pourra dévorer l’âme.
Fjarn. Cet imposant Ulfe est aussi gris qu’un cadavre et arbore un rictus inquiétant. C’était autrefois un fier roi de linnorm mais, suite à une série de tragédies, il a été obligé de tuer et de manger sa propre garde d’honneur et, honteux, il s’est suicidé. Il s’est alors relevé comme blême au service d’Urgathoa. Il conserve ses pouvoirs de barbare et aime dévorer les ennemis vaincus.
Modification de la liste des Invocations[1]
Les prêtres d'Urgathoa peuvent utiliser les sorts de convocation de monstres pour invoquer les créatures suivantes, en plus de celles mentionnées dans la liste des sorts normale.
Convocation de monstres I Squelette sanglant humain*
Convocation de monstres VII Fille d'Urgathoa* (la Mer intérieure)
- Cette créature est de sous-type extraplanaire mais, en dehors de cela, elle fonctionne comme ses pairs.