Zon-Kuthon
ZON HUTHON - LE SEIGNEUR DE MINUIT
- '« Que les hurlements deviennent musique et que le paifiim de la chair brûlée vous soit source de joie. Considérez la chair comme une toile pour vos œuvres et honorez le Seigneur de Minuit avec un pinceau acéré et une peinture écarlate. Embrassez le malheur de ce monde et du suivant, oubliez tout ce qui n'est pas soiiffrance et harmonisez votre esprit pour comprendre le plaisir que l'on trouve dans la douleur. »'
- '— Les Feuilles d'Umbral'
Zon-Kuthon est un dieu cruel jaloux et pervers qui profane la chair pour apporter douleur et souffrance. Il représente la souffrance éternelle, les ténèbres émotionnelles, la jalousie dévorante et les pertes inconsolables. Les rares éclairs de joie de ce dieu irrémédiablement maléfique viennent de la souffrance qu'il provoque chez les autres. C'est un parasite et une maladie sur notre monde. Son esprit étranger cherche toujours comment opprimer, humilier, démoraliser et détruire les autres. Bien que ses véritables objectifs nous soient incompréhensibles, il a clairement annoncé son désir d’écorcher chaque être vivant, jusqu’à ce que le monde ne soit plus qu'une masse informe de chair sanguinolente, parcourue d'une douleur extatique. Il fouaille l'esprit des tueurs en série, guide la main des tortionnaires.
Zon-Kuthon n'offre pas la sagesse, pas de promesse de vérité universelle et aucune garantie de trouver une récompense dans l’après-vie. Son étrange esprit ne voit pas grande différence entre ce monde et le suivant. Il torture la chair des vivants comme les âmes des morts car leurs délicieuses souffrances sont pour lui source de plaisir. Il est possible que ce nihilisme ne soit que la première étape d'un plan bien plus vaste ou d’une évolution métaphysique que même ses grands prêtres ne parviennent pas à comprendre mais, jusque-là, les méthodes et les messages de Zon-Kuthon tendent simplement à prouver que la vie est souffrance. Ses fidèles sont loyaux et obéissent à la hiérarchie naturelle qui veut que les forts utilisent les faibles, que ce soit pour se nourrir, se divertir, assouvir leur appétit sexuel ou prouver leur supériorité.
Son horrible affection attire les sadiques maléfiques, les masochistes déments et ceux dont l’esprit est si torturé que seule une douleur écrasante parvient encore à les détourner de leur chagrin. L'ceil énucléé de Zon-Kuthon les surveille tous : prisonniers que l’on abandonne dans une oubliette pour qu'ils y meurent de faim et qui entaillent leur propre chair, juste pour se prouver qu’ils existent ; amoureux rejetés qui élaborent des plans malsains pour se venger ou préparent de petites choses cruelles à infliger à leur compagnon infidèle ; les mères qui se laissent mourir de faim parce que leur enfant est mort ; tous les cultes qui exigent un douloureux rite initiatique comme preuve de loyauté ; les cochers qui fouettent leurs bêtes plus que de raison ; les ivrogne qui boivent pour oublier ; les esclaves qui acceptent le fouet de bon coeur plutôt que la mort...
Quand Zon-Kuthon intervient dans la vie des mortels, il le fait généralement de manière brève, ambiguë et le prix à payer dépasse souvent de loin les bénéfices que l'on en tire. Un esclave qui souffre sous le fouet du maître de corvée et prie pour un peu de soulagement pourra ressentir une jouissance sexuelle mais la douleur qu’il éprouve sera alors doublée. Un artisan réussira une oeuvre parfaite seulement une fois que son obsession l’aura poussé à abandonner tout ce qu'il aimait. Un comte qui prie pour recevoir de l’aide contre l'envahisseur orque obtiendra les services d’un cruel seigneur de guerre qui s'emparera des terres des orques et deviendra encore plus dangereux qu'eux. Mais malgré tous ces poisons cachés, les mortels continuent de prier Zon-Kuthon car ses innombrables serviteurs sont toujours prêts à écouter les appels à l’aide de ceux qui pourraient se laisser tenter par l'étreinte sinistre du Sombre Prince.
La véritable apparence de Zon-Kuthon varie et l’on ne possède pas de représentation précise de sa personne. Mais il est toujours reconnaissable. Il a la chair pâle, la peau exsangue et est généralement chauve bien qu'il soit parfois représenté avec des cheveux blonds vaporeux. Des blessures sanglantes contrastent avec sa peau blafarde et nombre d’entre elles sont maintenues ouvertes par des crochets, des fils ou des attelles. Certaines plaies semblent même avoir été rouvertes alors qu’elles s'étaient partiellement refermées. Parfois, sa peau est complètement arrachée et laisse voir ses muscles ou même ses os à vif II porte souvent des piercings traversant ossements et muscles, et il y pend des bijoux ou des restes de ses victimes. Même son visage n'échappe pas à ce traitement. Il est percé de pointes et de crochets et ses lèvres ont disparu faisant apparaître des dents sanguinolentes. Il lui manque souvent un œil, remplacé par un étrange cristal. Parfois tout l’arrière de son crâne est écorché, dévoilant os et cerveau. On représente généralement Zon-Kuthon avec une couronne de métal verticale qui tire sa chair en arrière pour former un lever de soleil obscène. Les parties de son corps qui ne sont pas mutilées sont souvent couvertes de cuir noir trempé de sang, sexualisé ou servant à manipuler les plaies d'obscène manière. Sans cet arsenal de mutilations, Zon-Kuthon aurait l'air humain, mais le simple fait d'apercevoir ses parties intactes met ses mutilations en valeur. Ses représentations mortelles sont souvent simplifiées et montrent un homme pâle, vêtu de noir, avec une blessure béante. Selon les cultes, les fidèles vénèrent une image ou une autre (et vont parfois jusqu'à reproduire l’apparence de leur dieu dans leur propre chair). Mais ces différences cosmétiques n'ont aucune influence sur les objectifs de cette religion qui ne recherche que les ténèbres et la souffrance.
L’église de Zon-Kuthon n’impose pas de tenue officielle mais nombre de ses membres imitent les accoutrements de leur dieu, par fétichisme. Les modifications corporelles et les mutilations sont de rigueur et, dans certains cas, ces expérimentations prennent des formes si extrêmes que la chair se mêle aux vêtements, au point que les fidèles mourrent si on les leur retire. Les membres de l’église de Zon-Kuthon apprennent très vite comment nettoyer leurs plaies pour éviter les infections et comment les dissimuler aux yeux du public. Ceux dont les travaux sont trop importants ne peuvent les cacher et se font donc passer pour des lépreux ou des sang-mêlés difformes (généralement des demi-orques, surtout dans les régions où personne ne sait à quoi ils ressemblent). Les fidèles les plus doués et les plus rusés de l’église du Sombre Prince écorchent leurs victimes, tannent leur peau pour en faire un cuir souple et la portent comme déguisement par-dessus leurs propres plaies. Nombres de ces artistes de la chair sont connus pour leur aptitude à préserver la peau du visage et à en faire un masque qui leur permet de passer pour des gens normaux pendant un court laps de temps, même si on les examine de près.
Zon-Kuthon est Loyal Mauvais et règne sur la jalousie, la souffrance, les ténèbres et la perte. Ses domaines sont les Ténèbres, la Mort, la Destruction, le Mal et la Loi. La chaîne cloutée, un outil aussi pratique sur un champ de bataille que dans les profondeurs des oubliettes, est devenue son arme de prédilection. Il a pour symbole un crâne dont les orbites sont traversées par une chaîne cloutée. L’essentiel de son clergé se compose de prêtres mais il existe plusieurs ordres de chevaliers noirs et de paladins corrompus, qui infligent peine et souffrance en son nom. Certaines tribus primitives le vénèrent sous la tutelle de quelques adeptes. On l'appelle le Seigneur de Minuit et le Sombre Prince et ses serviteurs les plus représentatifs comptent des érinyes, des diables à chaînes et des chats d’enfer.
Les offices dédiés à Zon-Kuthon impliquent toujours des tortures, que la victime soit esclave, prisonnier ou membre consentant du culte. Plus l’agonie est exquise, plus l’offrande aura de valeur aux yeux du Seigneur de Minuit. Les tortionnaires les plus doués parviennent à garder leur victime à deux doigts de la mort pendant des jours et utilisent la magie et les drogues pour rester éveillés pendant ces « sessions de prière » prolongées. Les fidèles les plus intelligents choisissent des tortures poétiques pour les membres des autres religions. Par exemple, ils enfoncent des échardes d’or sous les ongles des prêtres d’Abadar, placent des larves de phalène dans les yeux des voyageurs de Desna ou attachent des chaussures de fer chauffées à blanc aux pieds des forgerons de Torag (ce qu'ils appellent la « danse de la mort »). Les temples les plus importants ont un « chœur de hurlements » composé d’esclaves modifiés par alchimie ou par chirurgie. Ils ne peuvent plus chanter ou hurler qu'une seule note quand le chef-tortionnaire les «joue ». Nombre de rituels de cette religion mêlent plaisir et souffrance et encouragent les fidèles à adopter des pratiques sexuelles dangereuses ou humiliantes, avec d'autres membres du culte ou avec des partenaires non-consentants. La nécrophilie est rare bien que tolérée, car les morts-vivants ne ressentent pas la douleur de la même manière que les vivants ou les morts.
L'Église de Zon-Kuthon n’a pas de structure hiérarchique globale. Chaque temple et chaque cellule possède sa propre hiérarchie tacite, basée sur la puissance physique, l’endurance, la volonté et la capacité à résister à la douleur, ainsi que sur d'autres éléments liés aux pratiques de cette religion. Au lieu de se battre en duel, les rivaux s'infligent des blessures de plus en plus douloureuses, jusqu'à ce que l'un des deux abandonne, ne soit plus en mesure de continuer ou meure. Ces défis permettent aussi d'améliorer le statut des participants aux yeux de leurs témoins. Les différentes églises ont peu de raisons de coopérer car elles ne poursuivent pas d'objectif à grande échelle nécessitant une telle alliance. Une congrégation de Zon-Kuthon se contente d’une unique vague d’Iiorreur et d'effusions cfe sang qui vient lâcher les rives de la société et l'érode petit à petit.
LES TEMPLES ET LES SANCTUAIRES
Les temples de Zon- Kuthon ressemblent à des salles de torture et, dans bien des cas, c’en sont effectivement, reconverties pour les besoins de l’église. Les instruments de torture sont des éléments indispensables et les temples sont toujours éclairés par des torches crachotantes ou des chandelles fumantes. Si les fidèles célèbrent l’office en secret dans un endroit qui n’est pas consacré, ils apportent une représentation du Sombre Prince (souvent un cadavre conservé habillé comme Zon-Kuthon ou une victime qu’ils défigureront lors d'un rituel pour la transformer en icône de leur dieu) ou prient une vierge de fer vide qui symbolise la présence du Seigneur de Minuit. Si l'Église contrôle l’endroit en permanence, elle laisse des décorations permanentes. Dans les petites communautés, les fidèles de Zon-Kuthon se rassemblent dans une cave ou un sous-sol secret,jonché d'instruments de chirurgie et de torture, qu’ils peuvent faire passer pour des outils d’artisan ou de paysan si l’on venait à découvrir leur repaire.
Étant donné les intérêts très spécifiques du culte, il existe peu de sanctuaires isolés. Tout endroit où l’on brutalise délibérément quelqu'un peut attirer l'attention d'un kuthonite, mime si cette violence est «justifiée », comme dans le cas d'un nécromancien maléfique qui périt sur le bûcher. Les fidèles peuvent alors laisser une offrande, comme quelques gouttes de sang, le crâne d’un animal, un morceau de métal tranchant, etc. jusqu'à ce que l’endroit dégage une aura subtile de mal et de souffrance.
LE RÔLE DU PRÊTRE
En dehors de leurs devoirs, très peu nombreux,envers l'Église, les prêtres de Zon-Kuthon n'ont qu'un seul but : apporter la souffrance au monde. En l'absence de tout conseil moral ou immoral de la part de leur déité, la majorité des prêtres de Zon-Kuthon utilisent leurs dons pour servir leurs propres intérêts. Leur protecteur ne se préoccupe pas des affaires des mortels mais leur accorde des sorts en échange des prières appropriées. La plupart des prêtres cherchent à obtenir le pouvoir sans prendre la moindre responsabilité et ne sont pas particulièrement dévoués. En d'autres termes, leur rôle de prêtre n’est qu’une activité secondaire et ils sont libres de se consacrer à leur obsession, qu’il s’agisse de la richesse, des conquêtes ou autre. Certains rejoignent l’église après s’être lassés de leur style de vie décadent, une fois qu’ils recherchent l’excitation née de plaisirs plus sombres. Ceux qui entrent dans l’église de Zon-Kuthon par zèle sont souvent des malades mentaux ou des individus déficients qui avaient l’habitude de torturer les animaux. Ces sadiques déments s’élèvent généralement aux plus hauts échelons de la hiérarchie grâce à leur soif de souffrances et à leur lubricité innée.
Pour prendre la mesure du dévouement des fidèles, une grande partie des pratiques de l'Église se basent sur la souffrance. La plupart des prêtres possèdent donc des rangs en Concentration et en Premiers secours. Us peuvent se faire torturer pendant des heures sans pousser le moindre cri (bien qu’ils puissent le faire, pour la gloire) et ils sont passés maîtres dans l’art de préserver la vie, même en cas de blessure mortelle. Dans les endroits reculés et les régions où la magic est rare, un kuthonite (prêtre ou autre) peut gagner une excellente réputation de chirurgien, bien que les gens se sentent mal à l'aise devant le sourire ravi qu’il affiche en travaillant sans tenir compte des souffrances de son patient. Entre sa magie divine et ses talents ordinaires, le kuthonite réalise de véritables miracles sur un champ de bataille mais ses patients risquent de regretter ses services. Un prêtre qui vit en secret dans une communauté ordinaire se montre généralement très protecteur vis-à-vis de ses concitoyens car il les considère comme ses jouets et punit violemment tous ceux qui les menacent. Si des bandits attaquent un village, le kuthonite qui y réside peut chasser leur chef le torturer à mort et disperser ses restes en cercle autour du camp des brigands, comme autant de trophées macabres.
Dans les communautés où l'on tolère les plus sombres aspects de la société, les kuthonites agissent plus ouvertement et sont acceptés avec réticence. Dans ces endroits, les fidèles de Zon-Kuthon ont un rôle nécessaire mais auquel on préfère ne pas penser, comme les croque-morts dans les sociétés normales. Les aspects les plus acceptables du culte du Sombre Prince apparaissent uniquement dans les zones civilisées et il arrive que les kuthonites œuvrent dans l’intérêt général mais ce ne sont que des actes de façade destinés à attirer les faibles vers la véritable et atroce majesté de Zon-kuthon.
Quand les membres de haut rang de l'Église de Zon-Kuthon ne se consacrent pas à leur croisade de souffrance, ils assignent parfois des tâches spécifiques à leurs subalternes.
L’Église se livre à nombre de complots, notamment des meurtres qui causeront un immense chagrin chez le plus grand nombre de gens, la récupération d'artefacts sacrés pour Zon-Kuthon (ou ceux qu'il désire) et le déclenchement de guerres et autres calamités.
DEUX MYTHES
Cousus dans la chair et écrits avec du sang, les contes sacrés de Zon-Kuthon apportent la souffrance aux fidèles et poussent les autres au désespoir.
Le voyageur brisé. Il y a une éternité, Zon-Kuthon se nommait Dou-Bral et il était le demi-frère de Shélyn, la déesse de la beauté, de l’amour et des arts. On sait très peu de choses sur les pouvoirs originaux de Dou-Bral ou sur sa relation avec Shélyn, mais ils finirent par se quereller et Dou-Bral abandonna Golarion pour se rendre dans les sombres endroits qui s’étendent entre les plans. Shélyn pleura son frère perdu mais elle fut horrifiée par son retour. L'Église de Shélyn soutient qu’avant le départ de son frère, l’un et l’autre régnaient sur les mêmes domaines. Pendant que le jeune dieu voyageait dans le vide, une entité prit possession de lui et enferma l’essence originelle de Dou-Bral dans la sienne. Cette présence étrangère emplit le vide laissé par le pouvoir divin du dieu et pervertit tout ce qu'il protégeait : la beauté se transforma en mutilations, l'amour devint malheur, la musique hurlements et les créations artistiques tortures. Quand Shélyn accueillit son frère, il lui perça la main de ses ongles noirs. Ils se querellèrent et le dieu répondit aux pleurs et aux suppliques de sa sœur par la violence. Ce n’est qu’une fois qu’elle lui eût arraché son arme, une coutille dorée, qu’ils acceptèrent de respecter une paix fragile et de s'éviter en silence. Depuis des siècles, Shélyn tente d’aider son frère à se souvenir de qui il était... mais sans succès. Zon-Kuthon admet qu’il était autrefois le frère de Shélyn mais il n’a rien à ajouter à ce sujet.
Le maître enveloppé d'ombres. Quand Zon-Kuthon revint sur Golarion, ses crimes attirèrent l'attention d’Abadar, le dieu des villes, des richesses et de la loi. Le Maître du Premier Coffre s'approcha de la créature qu'il connaissait autrefois comme le jeune dieu nommé Dou-Bral et fut horrifié par sa transformation. Zon-Kuthon avait blessé sa propre soeur et corrompu son père (voir page 85), la loi divine exigeait donc qu’il fut puni. Pourtant, Abadar se doutait bien que Dou-Bral ne contrôlait plus ses pouvoirs, et il ne savait pas s’il reviendrait un jour à lui. Il lui proposa donc un marché. Si cette entité divine acceptait d'être bannie dans le plan de l'Ombre tant que le soleil brillerait dans les cieux, Abadar lui accorderait un objet du Premier Coffre, l’endroit où se trouve une version parfaite de tout ce qui existe. Patient et doué d’une étrange prescience, Zon-Kuthon accepta. Pendant d’innombrables millénaires, il rôda dans l’ombre et bâtit Xovaikain, son noir royaume fait de soufïrance et de désespoir. Et quand l’âge des Ténèbres enveloppa Golarion dans un linceul d'ombre, il se rendit au palais d’Abadar, dans la ville d’Aktun, et exigea son dû. Fidèle à sa parole, Abadar reconnut que le soleil ne brillait plus dans les cieux de Golarion et il accéda à la requête de Zon-Kuthon : il lui offrit la première ombre. Depuis, le Seigneur de Minuit a fait bon usage de ce trésor : il a peuplé son royaume de légions d’êtres sculptés dans les ombres et a même placé un voile d’ombre sur le monde, autour du Nidal, sa nation.
LES APHORISMES
Face aux ténèbres insondables de leur maître, les fidèles de Zon-Kuthon montrent leur force en affirmant leur absence complète d’espoir.
Renonce aux larmes. Au sein d’un culte dédié à la souffrance, les larmes sont signe de faiblesse. Quand une victime hurle sous la torture, elle montre ainsi qu’elle n’a pas embrassé sa douleur et qu’elle n’a pas encore atteint l’illumination. Quand un fidèle se fait torturer, il aime sa souffrance et refuse de verser la moindre larme. Il se concentre sur le plaisir qu'il éprouve à se trouver à la frontière sanglante entre l'agonie et l'extase. Cet aphorisme est un sermon aux victimes et un conseil aux fidèles.
N’impose aucune limite à tes expériences. Ce dicton a deux sens. Il indique que le culte cherche des sensations physiques bien au-delà de ce que les mortels ressentent habituellement, pour mêler le plaisir et la douleur à un niveau supérieur. Mais il signifie aussi que les kuthonites ne doivent pas laisser les règles de la société ordinaire entraver leurs buts et leurs désirs. Si un fidèle veut goûter l'enfant à naître de sa sœur ou composer une symphonie de hurlements, qu'il en soit ainsi. Ce qui sous-entend que tout le monde a le droit de faire ce qu’il veut et que l’agresseur pourrait bien devenir la victime car il est naturel que les forts dominent les faibles.
LES FETES SACREES
L’église de Zon-Kuthon a peu de fetes sacrées mais les réunions des fidèles se déroulent généralement les nuits de nouvelle lune.
La Naissance au bonheur. L’une des étranges croyances de la religion kuthonite consiste à penser que, moins une personne a de chair, plus les sensations de douleur et de plaisir seront concentrées dans le peu qu’il lui reste. Ce qui revient à dire qu’un cul-de-jatte éprouvera plus de plaisir et plus de douleur qu'une personne qui possède encore ses deux jambes. Les membres privilégiés du culte peuvent donc se faire amputer de tous leurs membres et se faire retirer toute chair qui n'est pas indispensable (les yeux, les oreilles, la langue, les lèvres, etc.),jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu'une tête et un torse se tortillant , que les autres doivent nourrir et nettoyer. Ces « Choses bienheureuses » sont enviées par tous les autres fidèles car leur existence entière n’est plus dédiée qu'au plaisir et à la souffrance. Elles sont généralement gardées dans des endroits sûrs qui appartiennent à l’Église, là où les fidèles peuvent les torturer et les profaner. Un membre de l’église qui possède assez de richesses et de privilèges pour mériter et financer ce genre d'attention peut demander à bénéficier de la cérémonie de la Naissance au bonheur. En l’espace d’une nuit, on lui retire alors chaque membre et chaque partie du corps qui n’est pas indispensable à sa survie. Les autres participants mangent souvent les morceaux amputés, dans l’espoir de ressentir un écho des sensations et de la chance de la Chose bienheureuse.
Le Baiser éternel. Cette fete se déroule chaque année à la première lune. Les fidèles choisissent une victime (généralement un ennemi du culte mais parfois l’un de ses membres privilégiés) et lui offrent tout le luxe qu’ils peuvent pendant onze jours : des produits exotiques, des nourritures délicates, une compagnie érotique, etc. La onzième nuit, les choses débutent comme à l’accoutumée mais se transforment soudain en tortures physiques et émotionnelles, selon les méthodes choisies par les fidèles les plus créatifs. Cela va donc des lames au poison en passant par la noyade et par d’innombrables autres souffrances. Les fidèles se servent de la magie pour garder leur victime en vie et cherchent à provoquer une douleur qui permette à peine sa survie. Souvent, les fidèles extraient les entrailles de la victime et y cherchent les signes de la volonté de Zon-Kulhon par divination (ce qu’on appelle l’anthropo-mancie). Il arrive très rarement que la victime agonisante parle dans des langues étrangères et que les fidèles recollent ces bribes pour former des prophéties.
LES RELATIONS AVEC LES AUTRES RELIGIONS
Zon-Kuthon se moque des autres divinités. Il n’a aucune envie de forger une alliance, pas besoin d'entrer en guerre et aucun intérêt à jouer les diplomates entre deux factions rivales. Bien que, dans sa jeunesse, quand il s'appelait encore Dou-Bral, il eût participé à l'emprisonnement de Rovagug, ce fut la dernière fois qu'il coopéra avec ses pairs. Sa nature maléfique et ses viles pratiques en font une cible pour les religions dévouées au Bien. Mais il y a autant de chances qu'il ignore les attaques lancées contre ses sbires qu’il riposte. De temps à autre, les agents d'Asmodéus concluent un accord avec ses lieutenants et les hordes de Laxnashtu leur vendent ou leur achètent des esclaves, mais ces interactions se font toujours à bonne distance car Zon-Kuthon a tendance à étendre ses expériences à ses allies. Shélyn, sa demi-sccur, est le seul être à échapper à ses plaisirs pervers. Pour autant, les fidèles de la déesse ne bénéficient pas d'une protection particulière contre Zon-Kuthon et ses agents. Shélyn limite ses contacts avec son frère À de courtes visites pendant lesquelles elle s'entoure de puissantes défenses magiques.
LES PRÊTRES DE ZON-KUTHON
De la cour Umbrale du Nidal enténébré aux érudits que la douleur inspire et qui se cachent dans les universités du Taldor et du Galt, les kuthonites sadiques apparaissent partout où l’on peut arracher des hurlements à la chair tendre. Voici deux fidèles de Zon-Kuthon que les PJ peuvent de rencontrer au cours de leurs voyages.
Hanay Markastir (humain prêtre 4, NM) ressemble A un vieillard taldorien en mauvaise santé mais, en réalité, est un trentenaire de robuste constitution dont l'apparence âgée vient des blessures secrètes et inhabituelles qu’il s’i nflige. C’est un menteur et un comploteur qui s'adonne à des expériences alchimiques interdites. Il se fait passer pour un modeste assistant et se portera volontaire pour rejoindre un groupe de PJ en tant qu’expert en potions et en alchimie. Mais, tant qu’il restera avec eux, il tentera de les faire tomber sous sa coupe. Il a tendance à se laisser obséder par les femmes athlétiques qu’il rencontre, leur offrant d'étranges présents et essayant de les entraîner dans des relations intimes.
Le capitaine Elliot Braker (humain rôdeur 11, LM) est un militaire discipliné au visage blafard. Autrefois, il tut un vétéran très aimé des forces coloniales de la Sargave mais ce soldat compatissant fût irrémédiablement traumatisé par les innombrables batailles contre les indigènes du Mwangi. Après avoir vu la moitié de ses hommes se faire kidnapper et dépecer par les sauvages, Braker se mit à boire pour oublier, lit quand l’alcool ne suffit plus, il se tourna vers les femmes, puis vers les drogues, et vers d’autres formes de vice, plus rares, importées des Chaînes. Bien que son torse soit criblé d'aiguilles, il hésite à s’infliger des tortures plus visibles, plus dangereuses et plus gratifiantes, avant de les avoir testées sur quelqu'un d’autre.
LES ALLIÉS PLANAIRES
Voici quelques extérieurs qui accompagnent parfois le terrible héraut de Zon-Kuthon, le Prince enchaîné (voir page 84), ou les horreurs mentionnées dans l'encart « Les alliés de Zon-Kuthon ». Ils servent tous le Seigneur de Minuit et sont ravis de répondre aux sorts d'allié majeur d'oiihrplan ou à d'autres appels de scs fidèles.
Vreet-llall. Cette créature que l’on appelle aussi « le diable qui accouche par ses blessures » est un diable à chaîne incroyablement grand et maigre. Ses armes râpent et entaillent constamment ses chairs pour libérer des yeux à demi-for-tnés, des langues qui s'agitent et des abcès qui dégorgent des vers vivants. Cette chose à l'apparence elfique ne pose jamais le pied au sol. Il se soulève ou se traîne à l’aide de ses chaînes, comme autant de membres préhensiles, ou s'enveloppe dedans jusqu'au mollet afin que sa peau pâle ne touche jamais la terre ou la pierre. Vreet-Hall parle à travers une blessure permanente faite A la gorge. Il a un faible pour les vins, les drogues exotiques et les esclaves vivants. Personne ne connaît son sexe et il a probablement retiré chirurgicalement tout indice de son genre, il y a bien longtemps.
Doininik l'insatiable. Dominik était autrefois un cupide lieutenant kuthonitc mais il succomba sous les assauts d’un vampire et se releva, prenant la forme d’un prédateur mort-vivant. Les membres de sa propre église le capturèrent et le tor-turèrent. C'est un homme d'âge moyen, séduisant, aux cheveux blond pâle, aux canines proéminentes mais dont les longues mains élégantes sont dépourvues d'ongles. Son abdomen est grand ouvert et entièrement vide : il est donc dépourvu d'appareil digestif Etrangement, son formidable pouvoir de régénération n’a pas guéri cette plaie béante. Quand il boit du sang, il coule à travers sa blessure. Ainsi, le vampire a toujours faim cl se jette sur toutes les proies pour les saigner à blanc. Si on l’invoque, il apprécie qu'on lui offre une créature dont il peut se nourrir, de grandes quantités de sang, ou loute magie qui lui permet d'apaiser temporairement sa faim dévorante. C’est un guerrier vampire de niveau 5 Loyal Mauvais.
LES ALLIES DE ZON KUTHON
Les prêtres de Zon-Kuthon peuvent utiliser les sorts de convocation de monstres pour appeler les créatures suivantes eh plus de celles indiquées dans la description du sort. Convocation de monstre II
Ombre inférieure* (LM) Convocation de monstre IV Ombre (LM) Convocation de monstre VIII
Érinye (LM)
Ombre supérieure (LM)
- Voir le Tome ofHorrors.
Références
Malédiction du Trone Ecarlate 05